Conseils d'écriture de Kristina
Dans le cadre de notre concours d'écriture pour les Nord-Côtier.ère.s de 16 à 25 ans, nous avons créé un groupe d'échange sur Facebook où l'autrice et marraine du concours, Kristina Gauthier-Landry, offre chaque semaine des conseils pour les aider à préparer leur poème.
Nous avons pensé vous en faire profiter ici aussi!
Vous avez entre 16 et 25 ans? Vous désirez joindre le groupe?

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CONSEIL #1, C'EST PARTI!

Lire, lire, lire!

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C’est simple : plus on lit, plus on a envie d’écrire. Et mieux on écrit! Pour élargir tes horizons ou juste pour t’inspirer, lire est toujours une bonne idée. Va faire un tour à la bibliothèque municipale ou chez ton libraire indépendant (Librairie Côte-Nord, Le Bouquineur, Librairie A à Z 👋👋👋) et renseigne-toi sur les auteur·ice·s de poésie contemporaine. Il existe aussi plusieurs comptes Instagram super inspirants, comme @natutunan_ecouteznous, qui met la parole autochtone à l’honneur. Le site leslibraires.ca est génial pour feuilleter virtuellement des ouvrages qui t’intéressent avant de te les procurer (à même leur plateforme!). Et si tu as besoin de suggestions pour commencer, Tout à coup la poésie en a plein pour toi 👉 http://www.toutacouplapoesie.ca/on-a-aime
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CONSEIL #2

Parle de ce que tu connais!

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Petite précision: il y a une différence entre raconter un fait vécu et s’inspirer de ce qu'on connaît. Sans nécessairement livrer le récit d’un événement précis (bien que ce soit aussi permis), partir d’une émotion familière est une façon judicieuse d’écrire un texte incarné, qui sonne vrai. Pourquoi donc?
⭐️ L’inspiration vient plus facilement, car on connaît le sujet.
⭐️ Les détails sont plus précis et créent des images plus fortes.
⭐️ On évite plus facilement les clichés et la superficialité.
⭐️ L’émotion se rend plus facilement aux lecteur·ice·s.
Pour s’aider à puiser dans nos émotions du quotidien, on peut tenir un journal, par exemple. Pour s’initier à l’art du journaling, c’est par ici !
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CONSEIL # 3

Évite les clichés.

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La poésie, c’est parler des choses autrement, porter un regard unique sur la vie, sortir de la norme. Le poème frappe d’autant plus fort lorsqu’il provoque la surprise, par exemple en associant deux idées que tout oppose (hurler doucement). À l’inverse, l’utilisation d’images ou d’expressions déjà surexploitées (amour fou, beau comme un dieu) ne traduit pas la singularité du poète, et aura tôt fait d’ennuyer le lecteur.ice.
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💥🧠TRUC 🧠💥:
La prochaine fois qu’un cliché te vient en tête, demande-toi ce que la phrase veut vraiment dire, et comment tu pourrais dire la même chose, mais à ta façon 🙃
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CONSEIL #4

Sois précis·e.
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Une des forces de la poésie est d’arriver à faire voir, à faire vivre. Plus notre vocabulaire est précis, plus les lecteur·rice·s «verront» ou «sentiront» notre poème. Une bonne façon d’y arriver est d’opter pour des termes qui font appel aux sens (comme l’odeur d’un feu) ou qui évoquent des images (comme un ciel qui se déchire). À l’inverse, si le poème utilise des mots-concepts très vastes comme «bonheur» ou «liberté», des idées que l’on ne peut ni voir ni toucher, le·la lecteur·rice a moins de matériel pour construire son image et interpréter le poème.
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⭐️ LE TRUC? ⭐️
Au lieu de simplement nommer une émotion, essaie de la faire ressentir. Remplace les idées abstraites par des images concrètes, des mots évocateurs. Par exemple, dans le recueil Perruche de Virginie Beauregard D, le personnage dira que sa tête devient «un nid de larmes» au lieu de dire qu’il est triste.
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CONSEIL #5

Attention aux rimes
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Héritage lointain pesant lourdement sur l’imaginaire collectif, la rime est encore largement associée à la poésie. Au risque de me répéter: il est désormais permis, voire encouragé, de s’en éloigner. Pourquoi donc?
Lorsqu’elle est systématique, la rime engendre ce que j’appelle «l’effet chanson»; s’il crée du rythme à la lecture, le jeu sonore risque de détourner l’attention du propos et peut même donner une impression de facilité, de paresse, comme si le·la poète n’avait pas cherché à aller plus loin que la joliesse du mot, ou ne s’était basé que sur sa sonorité pour le choisir. Une béquille, finalement.
💥Mon conseil: avant toute chosedemande-toi ce que tu veux dire au juste, puis dis-le d’une façon unique, avec des mots qui te ressemblent. L’impact sera beaucoup plus fort que celui d’une rime. D’autant plus qu’il existe une foule d’autres manières de travailler le rythme d’un texte: mais ça, c’est une autre histoire.